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Quotidien

Trois jours bien trop courts.

Les bretons nous ont amené du soleil, du vin rouge, du fromage et de l’andouille, des crêpes et de la confiture de mûres pour accompagner nos petits déjeuners. Ils nous ont aussi porté de Panama City, quelques fruits et légumes si difficiles à trouver ici.

Sur l’île de Carti, nous sommes allés à la rencontre des Kunas. Nous avons assisté au congresso, discuté avec les Saylas, vu l’habitat, sa cuisine rudimentaire et sa chambre, surpeuplée de hamacs, envahie par les vagues.
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A Gunboat Cay, Lemon Cays, Dog Island, nous avons découvert des îlots pleins de charmes et des familles sympathiques vivant dans des conditions spartiates mais sous les cocotiers. Nous avons joué au volley avec les enfants, plongé avec les grands, visiter une épave, pêché du sarde queue jaune et du perroquet, mangé de la langouste, du poulpe et de l’excellent king crab…

De retour à Carti, Keliane a soufflé ses deux bougies, largement aidée par ses frangins très attentifs à ses moindres désirs ou difficultés. Et puis les bretons sont partis vers le Costa Rica, pour 15 jours de balade, de visite et de randonnée. De notre côté, nous nous attardons quelques jours au mouillage de BBQ Island, le réputé mais désert « Swimming Pool Anchorage », tout un programme !
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Kuna Yala, alias San Blas !

Vaste territoire bordé d’un archipel non moins étendu, le Kuna Yala est géré par les Kunas, seule ethnie d’Amérique Centrale à avoir conservé son autonomie, en marge du Panama. Les femmes choisissent toujours leur maris, les Saylas dirigent toujours le congrès journalier où les jeunes viennent toujours en canoë écouter la parole des anciens, les chants de la tradition orale et les nouvelles des autres îlots. Les familles remontent toujours le fleuve pour faire leur lessive à l’eau douce, près de la source, les noix de cocos sont plus que jamais protégées et les toucans royaux chantent encore de cime en cime. Le gouvernement installe des dispensaires, mais c’est toujours les molas(chemises), les bracelets, les nuchos(statues) et les anneaux nasaux qui protègent les Kunas… Quand cela ne va pas, le guérisseur pratiques des ablutions, boit de la potion magique jusqu’à en perdre la tête et chasse ainsi les mauvais esprits.
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Mais pour combien de temps encore ? Les jeunes générations, qui étudient désormais à Panama City, pourront-elles se satisfaire des conditions de confort spartiates des cases traditionnelles de leurs parents ? L’interdiction du mariage inter-ethnique va-t-elle résister aux sirènes de l’amour pluri-culturel et à celles, plus pragmatiques, des problèmes de consanguinité déjà bien présents ? La tradition sera-elle plus forte ici que le modernisme ?

Déjà le cellulaire a envahi les pirogues, la télé fait son apparition chez les plus aisés et, sur les îles les moins traditionalistes, le wifi est disponible. Certaines plages ont un accès payant, le dollar a depuis longtemps remplacé le coco comme monnaie d’échange, d’autres plus sauvages sont jonchées de plastiques et d’autres détritus ! Les lanchas charrient leurs flots de touristes propulsées par de rutilants et puissants moteurs Yamaha. Les hélices et le plastique vont bientôt remplacer la pagaie et le canoë taillé par l’arrière grand père, à partir du tronc d’un arbre séculaire.

Le site est paradisiaque, les 380 îlots proposent plages et cocotiers bordés d’eaux turquoises et chaudes. Les récifs regorgent de langoustes, de king-crabs et de beaux poissons que nous faisons cuire sur le feu avec d’autres équipages et des locaux, sur la plage. Les requins sont légions, mais vu que nous sommes dans l’archipel parfait, ils sont inoffensifs !
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Nous avons la chance de nous arrêter pour quelques semaines dans le Kuna Yala, le pays des indiens Kuna.

Archipelagos del Rosario y del San Bernardo.

Depuis Carthagène, en Colombie, deux archipels agréementent la route vers les San Blas, au Panama. Et vu qu’on a du temps d’ici l’arrivée des grand-parents qui nous rejoindrons le 25 à Carti, on s’autorise de courtes escales.

Sur l’île de Bajù, Encienago de Cholon, nous faisons une plage très agréable, car ombragée, en bordure de lagune, à peine dérangés par les locaux qui défrichent le fin cordon dunaire qui constitue l’unique protection à l’éco-système qui les fait vivre.

Au Rosario, nous arrivons peut-être un peu tard. Les riches maisons qui encapsulent les îlots privés sont en ruines, l’aquarium à cheval sur la barrière de corail est en piteux état. Le charme a depuis longtemps déserté les lieux. Nous passons notre chemin après une nuit mouvementée, à la bouée dans une passe courante.

Au San Bernardo en revanche, nous sommes accueillis par une jolie bonite puis longeons la magnifique côte sud de Tintipan. Nous prenons une bouée pour ne pas abimer le jardin de corail, plongeons et visitons. Les villageois se sont regroupés sur un îlot artificiel à l’écart de la grande île perçée de chenaux que nous nous faisons un plaisir de parcourir en annexe, mais qui draine surtout une quantitée folle de moustiques et donc de maladies.
Comme sur un radeau, à 30 centimètres au dessus de l’eau, les habitants de l’Isolote vivent au rythme de la marée qui inonde régulièrement les étroites ruelles. A 800 sur un îlot minuscule, ils battent le record mondial de densité de population, semble-t-il. L’eau vient du continent, l’électricité est bruyament produite par un impressionant Kuniz, 5 heures par jour. Les poubelles sont retirées de loin en loin à grands frais, vers le continent. Et a midi au menu, c’est tortue !

Quelques familles se sont installées un peu en retrait, sur des bouts de barrière surélevés de quelques conches, dans de magnifiques demeurent à deux étages : une plateforme de vie ombragée en bas, en rez de lagon, surmontée d’un espace de couchage fermé et parfois vaste.
Nous mouillons en bordure de la plage de Mucura pour nous y baigner et rencontrons le jeune Michaël, 2 ans, qui a une pêche d’enfer.

Au petit matin, nous zigzaguons aux ordres de nos deux vigies de proues, pour nous extirper des patates de la barrière et faire route vers le pays des Kunas ; unique éthnie de la mer des Caraïbes à avoir réussi à préserver son identité et son indépendance, tout un programme !
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Jour d’anniversaire : La Marine Colombienne a fait les choses en grand !

Oups, on avait juste oublié nos anniversaires donc on reste en Colombie encore quelques jours. Nos papiers sont fait, officiellement nous avons quitté le territoire depuis le 8. Mais nous ne pouvions quand même pas nous enfuir en plein carnaval… ni même payer le Cruising Permit, trop cher pour notre bourse. Donc nous rentrons dans la clandestinité : illégaux en Colombie, nous ne sommes probablement pas les seuls.
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Le 9 pour Silvia nous avions fait simple, mais le 10 pour Eliott, la Marine de Guerre a fait les choses en grand. Les reines de beautés de la finale du concours national sont embarquées sur les chaloupes du navire école GLORIA, l’équivalent de notre Belem sauf qu’il est blanc et porte un drapeau démesuré ! Le décor est planté : des Miss donc, des mariniers en costume d’apparat sur leurs radeaux de sauvetage, tous en blanc, un cordon de sécurité flottant plus toutes les vedettes de la Marine, pour assurer le spectacle, et bien sûr quelques hélicoptères pour faire de jolies vues aériennes.

De la vieille ville à la sortie de la baie, les belles demoiselles toutes de rose très légèrement vêtues se trémoussent sur la plage avant des canots, tout au long des trois milles du parcours. Les matelots rament assidûment car les 10 nœuds de travers ne sont pas évidents à négocier sur leurs grosses baleinières à l’incroyable fardage. Les barreurs suivent benoîtement le long corridor jalousement gardé par leurs collègues kakis, sur leurs gros semi-rigides méga-propulsés par 3 moteurs de 350 chevaux chacuns, entre les grattes-ciel et le fameux cordon à 100 mètres du rivage.
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Au delà de la zone de sécurité, c’est carrément n’importe quoi : du jeune pêcheur désargenté en canoë jusqu’au riche propriétaire d’un Ferreti 70, en passant par l’incongrue famille franco-italienne sur son mini-dinghy de 9 pieds (nous), tout le monde pointe son étrave et met la pression à la fameuse ligne de nylon censée protéger les beautés juchées sur leurs étraves.
Le spectacle est dans la foule c’est clair : les latinas en maillots riquiquis, sur les yachts, volent la vedette au Reines, les latinos en délire arrosent à la ronde à grand renfort de bombe de mousse, de pistolets à eau ou de seaux de farine. Les motoryachts sont, eux, couverts d’immenses affiches vantant les atouts de leur élue qui défile.
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Mais c’est compté sans le savoir faire de la Marine qui va reprendre la main d’une façon assez inattendue.

La marée est trop basse et en milieu de parcours les baleinières jusqu’ici régulièrement espacées s’échouent lamentablement sur un banc de sable. Une, deux, puis trois… Finalement, toute la flotte se retrouve entassée à 10 mètres du rivage. Les safrans sautent, les marins rangent les longs avirons et tentent de dégager leur symbole de puissance nationale du mauvais pas dans lequel il l’ont embourbé. Les timoniers sont à l’eau, manipulent leur lourdes pelles de safran dégondées. Bref, La Marine pateauge dans une bien mauvaise passe, sous les yeux d’une dizaine de milliers de spectateurs et probablement de plusieurs millions de TELE-spectateurs.

Alors entre en jeu les troupes d’élites, sur leur semi-rigide sur-motorisés. Ils accourent à la rescousse sur le banc de sable et s’enlisent eux aussi dans le fond de vase. Les mitraillettes, jusqu’ici fièrement arborées, sont vite adossées, entre en jeu les minuscules pagaies ! On a presque de la peine et on hésite à leur porter secours mais n’en faisons rien, de peur que cela ne soit mal pris. Car nous sommes toujours clandestins ! Les jeunes femmes trébuchent parfois, ballotées à la proue des chaloupes raguées, mais jamais ne se départissent de leur magnifiques sourires, faisant bonne figure au milieu de la panique, de la débandade générale.
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Allez, on a bien rigolé. Passé ce mauvais pas, les militaires sont carréments tendus, alors on regarde les filles débarquer sur le ponton du Hilton et puis on met les bouts avant de ne subir un contrôle inopiné où nous ne serions pas en position de force, sans gilets ni papiers sur notre frêle esquif.
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Carthagène des Indes.

Après nos 5 jours de nav’, nous passons une semaine au mouillage devant le Club Nautico de Cartagena de Indias, entre les gratte-ciels du bord de mer et le terminal container. On est pas à New York, mais quand la ville s’éclaire en début de soirée, la baie s’illumine des mille feux de la civilisation. Nous sommes au nord de l’immense lagune que nous avons pénétré par la « petite porte » alias Boca Grande, barrée par une digue sous marine de plus d’un mille de long, héritage d’un passé guerrier très actif.

Une courte balade en ville nous donne d’emblée le ton de la semaine : VISITES , voilà de quoi ravir les curieux et faire grincher les grincheux.

Visite de la vieille ville d’abord, classée par l’UNESCO évidemment, coloniale bien sûr, et magnifique on s’en doutait.
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Visite du Musée Naval fort bien fait, incroyablement synthétique et plein des réponses aux questions qui tiraillaient le bord depuis des mois.
Combien de temps pour batir le plus gros château espagnol du nouveau monde ? 1 an.
Mais qui donc travaillait à son édification ? Les esclaves et les prisonniers bien sûr.
Que faisaient les corsaires lorsqu’ils prenaient la ville ? Ils la rançonnaient puis s’en allaient.
Et ces indiens alors, étaient-ils vraiment cannibales ? Bah oui, finalement, mais à des fins guerrières et mystiques uniquement…
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Visite du Castillo San Felipe ensuite, massif, torturé, divisé, traversé de tunnels à moitiés inondés, bardé de 4 lignes de canons impressionnantes et surtout d’une histoire incroyable de victoires et de défaites.
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Visite du Cerro la Popa enfin, un point de vue imprenable sur le champ de bataille, l’impénétrable et infestée de moustiques porteurs de fièvres mangrove, aujourd’hui transformée en bidonville, les îles, la ville, ses forts et ses fortifications.

Hazard du calendrier, notre séjour correspond à la fête de l’Indépendance. Elle donne lieu ici à une semaine de Carnaval. Sortez les bombes de mousse à raser, les pots de peinture et les sacs de farine, les costumes, les miss, les chars et les tambours. C’est parti pour une semaine de défilé, de musique et de danse !
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On hésite un peu, mais pas longtemps, à prolonger notre séjour au delà de la semaine accordée par les autorités. Finalement nous faisons route sur les San Blas, juste après un « petit » ravitaillement à un million et demi de pesos !
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Route Carthagène : Terre en vue !

Alors ? C’était comment ces 700 milles d’affilée ?

Keliane est d’accord pour recommencer. Qu’est-ce qu’on dort bien en mer !

Kicco : « Je suis surpris de la facilité avec laquelle nous avons avalé les milles sans forcer, sans trop s’ennuyer ni même trop tomber malade. Les conditions météorologiques étaient exceptionnelles évidemment, mais tout de même, je suis obligé de constater que notre petit équipage a acquis un certain savoir faire que la longue pause guatémaltèque n’a en rien émoussé. »

Eliott : « Je tire un bilan assez mitigé de cette grande tournée des tombants du Honduras et de la baie de Colombie. Avec seulement 3 coryphenes de tailles moyennes, 2 thons de 5kg et une bonite, ce trajet n’est pas à la hauteur de mes espérances. Reste que je ne connaîtrai jamais ni le type, ni la taille, du poisson qui m’a avalé sans sourciller mon leurre favori et les 200m de ligne de 104kg de résistance qui avaient jusqu’ici résisté à mes plus grosses prises. Était-ce un thon de 300kg ou bien le magnifique voilier dont j’ai toujours rêvé ? Aucun indice pour m’aider, mais vu comment ça c’est passé, je suis sûr que c’était « une belle bête » ! »

Silvia : « Je m’étais préparée au pire mais les conditions clémentes, ou au moins portantes, ont adouci ma tâche. Je suis contente de l’avoir fait, même si je n’en ferais pour rien au monde mon métier. »

Boris : « Je suis heureux de cette virée, 5 jours et 6 nuits de pur bonheur, traversés ou portés par une belle brise parfois renforcée de quelques dizaines de nœuds. Mais le plus agréable, c’est que toute la famille semble y avoir trouvé du plaisir, au moins un petit peu. Au niveau technique, cette belle opportunité météo nous a permis de nous recentrer dans la mer des Caraïbes sans trop nous fatiguer et de passer par Carthagene, ce qui nous semblait initialement inconcevable. De plus nous venons de naviguer 6 jours sans une seule avarie, on frise le record. C’est donc que le bateau est fin prêt pour la revente !
Avis aux a(r)mateurs !-)
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Route Carthagène : jour 5, 160 Nautiques, 6.7 noeuds.

25 nœuds, ce n’est pas la vitesse du vent mais la différence entre les prévisions et la réalité! Aux 11 petits nœuds pluvieux prévus se sont substitués 35 nœuds, toujours pluvieux certes !

Foc à moitié enroulé, grand-voile réduite promptement dans une claque à 40, notre vitesse se stabilise au delà de 8 noeuds. Ça bouge un peu mais personne n’en souffre, alors on se dit que ce renforcement raccourci les distances.

Toute la dernière nuit, Silvia va slalomer entre les grains et les éclairs, toute électronique coupée dans le noir complet au milieu des flashs éblouissants. À 8 ou 9 nœuds dans la nuit noire, nous filons vers Carthagene.

Colombie, nous voici !
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Route Carthagène : jour 4, 115 Nautiques, 4.8 noeuds.

Au lever du soleil un banc de dauphin vient nous montrer la voie, sauf que c’est tout droit ! Pas de Cayo, pas d’option météo, il nous reste tout juste 300 milles nautiques à parcourir au 120°.

Le temps est au beau fixe, sous spi à 8 noeuds pendant quelques heures avant que le vent ne refuse et mollisse à nouveau. Nous voilà calés au près et ce, probablement jusqu’à notre arrivée, après demain. Encore deux nuits sans sommeil avant de toucher la côte colombienne.

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Route Carthagène : jour 3, 140 Nautiques, 5.5 noeuds

Voilà une belle journée de navigation : il ne s’est absolument rien passé ! La mer est belle et le vent portant. Le ciel est dégagé à peine agrémenté de quelques nuages de beau temps. L’eau est limpide tantôt bleue, tantôt laiteuse suivant qu’il y a 10 ou 1000 mètres de fond.

Du moins rien, si l’on omet les détails qui révèlent lors de ce genre de périple, la saveur et l’intensité des moments partagés : les étoiles et les astres d’abord, loin de toute perturbation humaine Orion, Jupiter et Saturne se révèlent; Kicco qui se lève pour râler après 2 jours allongé sur son canapé; Eliott qui planifie son anglais de façon à ce qu’il soit interrompu par une prise toute calculée, car nous savons désormais exactement quand nous allons pêcher; Kelianina qui accorde une sieste bien méritée à ses parents épuisés par les quarts répétés; une bonite qui s’adjoint in extremis à la dorade coryphene perturbatrice pour égayer le repas de riz aux poivrons; des moineaux qui viennent nous divertir à chaque passage de Cayo, et qui permettent de détecter la terre au delà de l’horizon !

Sans jamais refuser, le vent fini par caler et Zéphyr finalement cède sa place à Volvo, mais n’est-ce pas là la logique de notre époque ? D’autres ont depuis longtemps abandonné le vent et la pagaie, puis la vapeur, pour se consacrer au Diesel tout entier. Nos amis franco-américains propulsés au soleil sont, eux, restés bloqués dans le Rio Dulce. Même les plus irréductibles finiront par flancher !
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Route Carthagène : jour 2, 156 Nautiques, 6.5 noeuds.

Nous doublons la pointe Nord-Est du Honduras. Un plateau de 150 milles nautiques et 20 mètres de fond avec quelqu’immenses cayos qui dépassent à peine de l’eau, de ci de là.

Kicco rêve de faire une pose sur le Cayo Vivario, Eliott d’y mouiller ses palmes et son harpon car l’endroit est, paraît-il, truffé de langoustes et de crabes. Maman se verrait bien échanger deux kilos de crevettes contre un pavé de cet excellent pain qu’elle confectionne désormais chaque jour. L’immense plateau regorge de ces petites bêtes évidemment traquées par une horde de chalutiers.

Mais il nous faut avancer, car nous n’aurons pas toujours le plaisir de naviguer travers au vent à 6 ou 7 nœuds. Et si nous trainons, nous risquons même de finir les 400 derniers milles au moteur, face aux vagues de 2,5 mètres et aux alizés de 25 nœuds, à 4 nœuds pendant 4 jours : l’horreur !

Pas d’arrêt donc, sur ces immenses Cayos poissonneux et désertiques ! Nous poursuivons notre route avec la pleine lune, un ciel étoilé et toujours 15 nœuds de travers. En fin de nuit nous doublons le dernier récif de cette pointe décidément gigantesque, abattons de 20 degrés, en route directe sur Cathagene. Magie des éléments, le vent refuse en même temps que nous abattons, nous permettant de conserver notre angle parfait de 120 degrés !
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