Caraibe
De La Habana à Cienfuegos
Nous récupérons Rémi à l’aéroport de La Habana et partons nous perdre du coté de Cayo Largo.
La semaine sera courte mais riche de rencontres cubaines, un peu sportive et bien sûr fatigante car elle s’enchaîne avec la visite des grands-parents, sans délais.
Nous prévoyons surtout pas mal de navigation car Cuba ayant l’échelle d’un pays continental, les sites sont assez éloignés. Cayo Largo est à 100 milles nautiques de Trinidad, voilà qui ne va pas trop plaire à nos moussaillons d’eau douce, ni à leur maman qui préfère les longues escales aux trajets longuets.
De plus nous avons perdu notre safran tribord… ce qui va nous obliger à revenir sur Cienfuegos pour y faire une pause technique. Mais ça c’est le futur, profitons tout d’abord de notre nouvel invité : Rémi.
De Trinidad à La Habana.
De Trinidad, ville aussi typique(architecture) que touristique(boutiques), nous rejoignons La Habana dans un taxi-express.
Sergio, au volant, pilote sous Hyunday comme un MIG : concentré, peu disert, et bien sûr… à Mach 2.
A La Habana, nous nous laissons envoûter par le charme de la capitale Cubaine. Déambulant de places en musées, de monuments en boutiques, de groupes musicaux en orchestres de square. Les plus accrocs fixes sur leurs pellicules numériques, qui un autochtone, qui une vielle guimbarde, qui un tableau, une statue ou un massif palais espagnol, sombre témoignage d’un passé colonial sanglant.
Dans la casa particular où nous logeons, nous sommes charmé par l’accueil des cubains toujours sympathiques, polyglottes, joviaux, simplement amicaux et chaleureux…
Mais déjà les grands-parents doivent s’envoler vers la mère patrie. Tout s’accélère, la visite tourne au safari photo, à la chasse au fumeur de Havane.
Hasta la vista !
Cayo Cuervo : Carnage à la plage.
Nous pêchons nos 31 premières langoustes en même temps que nous croisons nos premiers déserteurs !
Que fuient-ils ? Où vont-ils ? Avec quels moyens ?
Les 3 hommes fuient le régime cubain sur un assemblage de 4 chambres à air de camion.
Ils comptent gagner Grand Caïman ou le Honduras à plus de 450 milles nautiques !
Sauf qu'ils nous font plutôt penser à des naufragés : mal préparés, mal renseignés, ils ne connaissent rien à la navigation ni aux dangers de la haute mer, ont peu d'eau potable et pas de nourriture.
Il n’imaginent pas la vie qui les attend, loin de l’eldorado américain, au Honduras, au Mexique ou ailleurs.
Nous les convainquons de renoncer à ce projet fou qui les mène vers une mort certaine.
Mais au petit matin, point de cubains, ils sont repartis à la dérive sur leur frêle esquif !
C’est pleine lune aussi et Eliott en profite pour prendre quelques photos. Un vrai travail d’artiste, utile complément de ses études en musique et arts visuels supportés cette semaine par : mamie !
Pour notre dernier jour dans Los Jardines de la Reina, nous profitons encore de cette ambiance d’atoll, seuls au bout du monde… pour les enfants c’est musique avec mamie par contre !
Cayo Chocolate : la fête foraine.
Nous passons une belle journée sur l’îlot à visiter la mangrove, pourchasser la langouste sans succès et collecter des coquillages d'une rare beauté.
Mais le soir, l’orage monte, le ciel se charge de multiples teintes grises et blanches, l’écran de pluie avance à l’horizon et se rapproche inexorablement. Tout est en place pour le grand spectacle son et lumière du soir, le grand show de la nature.
Mais soudain une rafale à plus de 30 nœuds nous effleure par le travers, nous propulse sur le coté. C’en est trop pour notre Spade chérie (glorieuse remplaçante de l’antique Danfor tordue) qui n’a jamais flanché jusqu’alors. Pleine de possidonies et de vase, elle refuse obstinément de crocher ce sol peu propice.
Nous sommes pris au piège. Lancés malgré nous dans une folle glissade au milieu des patates de corail. La mécanique s’emballe. Repliés dans la cabine, les festayres, les passagers, tournent de l’œil, se prennent d’épouvante.
Vite il faut agir sous les feux d’artifices qui n’ont rien d’artificiels. Relever l’ancre défaillante et dégager de ce trou à rat, de ce manège infernal. S’échapper de cette fête foraine qui tourne au drame, au fait divers.
Et ce soir, même le coucher de soleil prend des airs de fin du monde.
Santa-Cruz del Sur : Le Guarda Frontera.
Nous croisons nos premiers cayos, îlots de mangrove perdus dans cette vaste lagune, en rejoignant Santa-Cruz Del Sur.
Pour une fois la navigation au travers dans 15 nœuds de vent se révèle rigolote. 2-3 poissons mordent chaque heure à nos lignes, de quoi occuper tout l'équipage et transformer le bateau en poissonnerie/bureau d'identification.
Mais à Santa-Cruz, le Guarda Frontera bien que jeune et très sympathique, ne veut absolument pas que nous séjournions au mouillage devant le port.
A l’issue d’une heure de négociations par VHF, vues les conditions météo orageuses et l’heure tardive, il finit par nous donner son accord de mouillage pour une nuit. Il nous interdit formellement de descendre à terre et de rentrer en contact avec tout Cubain susceptible d’approcher notre bord.
Nos perspectives d’approvisionnement à « l’agromercado » indiqué dans le guide de croisière de Nigel Calder ne peuvent aboutir, grosse déception de tout l’équipage !
Tant pis, nous ne visiterons pas ce gros port de pêche à la crevette, pourtant prometteur.
Viva la Révolucion !
Cabo Cruz : Los cubanos.
Après une longue nav' assez ennuyeuse, nous arrivons à la nuit, le frigo plein de marlin...
Le matin nous visitons ce village visiblement à l'écart du système.
A la nuit tombée, 2 jeunes cubains rejoignent notre bord à la nage et à l’abri des regards de la Guarda qui veille.
Bien que désabusés par le système et déçus par Raùl qui les a fait sortir du plein emploi tout en réduisant la Libreta (le livret de rationnement), ils ne viennent pas nous demander d’émigrer en douce au USA, mais nous échanger 4 langoustes contre… 2 bières !
Nous en profitons pour taper la causette, le temps qu’ils se reposent et se réchauffent avant de repartir à la nage, de nuit, vers le lointain village de Cabo Cruz !
Pas facile d’être jeune cubain par les temps qui courent.
Hasta luego, Hasta la vista !
Mon second marlin !
En pleine navigation, en plein tarot, le fil se dévide brusquement.
Sans attendre, je bondis sur ma canne, au loin saute un marlin en dehors des flots. Il déroule le fil de la bobine à une vitesse ahurissante.
Soudain, il plonge vers les fonds marins et je profite de sa remontée spectaculaire pour récupérer le mou du fil.
A coté de moi, grand-père en chausson (aux Caraïbes) insiste pour prendre la manœuvre du moulinet accompagné de Mamie, elle même suivie de près par son indéboulonnable appareil photo.
A chaque instant je crains la casse. Le poisson monte et descend sans cesse. A chaque plongée, il ne me reste plus que quelques centimètres de fil : à cet instant, il sonde à plus de 300 mètres sous l’eau.
A un moment donné, le frein du moulinet devient brûlant. Je crie : « de l’eau ! de l’eau !» pour le refroidir. Mais ce n’est pas très clair et maman commence par me servir un verre d’eau avant de me passer la bouteille que je vide sur mon instrument.
Je n’en peux plus mais l’énorme monstre commence à fatiguer lui aussi.
Je le remonte finalement au bout d’une heure et demie de lutte acharnée, épuisé mais ravi de constater qu’il mesure 2,5m pour 65Kg !
C’est mon plus beau poisson, pêché par mon plus beau poulpe, celui qui jadis pêcha mon premier espadon !
Cuba… pratique
Les articles sont sous presse. Le comite de redaction a trouve un accord sur tous les textes sauf un, juge trop "politique" par certains.
Mais a Cuba, difficile de transferer les images... patience donc.