2024 Viper
- Une semaine d’entrainement à la Grande Motte avec Vanessa, chez Yohan en mars.
- Un National enfin au contact à La Rochelle. Qu’est-ce qu’ils vont vite les collègues !
- 3ème de la Costarmoricaine avec Lenaïg mi-juillet.
- Race To Sokoa pour revenir en bateau à la maison : nous nous arrêterons au Verdon, la semaine d’orages prévue limitant les chances de réussite des 2 dernières étapes. Rémi nous concocte 2 magnifiques vidéo et Voiles & Voiliers publie un article sur l’aventure : voir plus bas !
- Raid Oléron,
- Cata Golfe,
- Une dernière semaine d’entrainement à la Grande Motte avec Charlotte, chez Yohan.
- Et voilà, c’est fini pour 2024, fin prêts pour le Martinique Cata Raid 2025 !
D’Erquy à Saint-Jean-de-Luz en petit catamaran de sport
En juillet dernier, Boris et Vanessa décident de ramener leur Viper par la mer, d’Erquy (Côtes-d’Armor) à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Au programme : 600 milles en autonomie totale. Plus qu’un convoyage, c’est une véritable aventure qu’ils se sont offerte.
Après la Costarmoricaine estivale (raid en 5 étapes sur 5 jours avec un parcours s’étendant du Cap Fréhel jusqu’à Perros-Guirec) Vanessa et moi projetons de ramener le bateau, d’Erquy à Saint-Jean-de-Luz, par la mer, 600 milles en totale autonomie.
Le bateau est à peine customisé :
- Deux sacs étanches sont amarrés sur le trampoline pour loger : sacs de couchage, vêtements de rechange, petit matériel électronique, nourriture, le Jetboil et quelques médicaments.
- Un grand cercle orange fluo sous le trampoline pour être repéré en cas de…
- La bôme allongée, avec ses 2 roues de brouette, fait office de mise à l’eau.
- Un grappin et 40 m de ligne textile-inox en plus de l’armement en raid.
- Dans nos gilets : 3 barres de céréales, une balise de détresse et une flashlight.
Ainsi chargé, le F16 reste suffisamment léger, véloce et maniable.
Une très-très-très longue layline
Jour 1 : Erquy – Perros Guirec
Après une bonne nuit réparatrice chez nos amis Éric et Dominique, la petite météo estivale fait place à un ciel bas et gris avec 15 nœuds de Sud-Ouest en rafales. Vers 10h, les derniers concurrents de la Costarmoricaine, Niels, Éric et Walter, nous aident à mettre à l’eau. Nous sommes stressés de nous engager, sans assistance, sur un si long trajet.
En 2h de près bon plein bâbord, en double trapèze, nous sommes au Nord de Bréhat. Ça remue sec sur les hauts-fonds, mais le bateau est bien appuyé et ça passe. La marée s’inverse devant le phare des Héaux de Bréhat. Nous pointons vers les Scilly avec une visibilité d’un mille à peine, la côte disparaît. Nous sommes seuls… Loin de la côte… Loin de nos standards ! Au bout de 5 h de nav’, n’y tenant plus, je fais pipi dans ma combi. Erreur ! Mes chaussons s’en souviennent encore. Las, au beau milieu de la Manche, il devient évident que la bascule à droite n’arrivera jamais, la mer est devenue grosse ; nous faisons cap vers Perros-Guirec pour la nuit.
Sur la plage, Vanessa retrouve le sourire : « waouh, ça, c’est fait ! C’était sport quand même, 6 h double trap’, sur une très-très-très longue layline. » Il pleut dru et le bivouac sur la plage est interdit !
Jour 2 : Perros Guirec – Brignogan
Après une nuit à l’hôtel, départ au près de Perros-Guirec dans des conditions plus favorables. Le jus portant nous propulse le long de la magnifique Côte de Granit Rose. Trégastel, Ploumanach puis Trébeurden sont vite effacés par la grisaille, le vent cale doucement. Le long bord de près s’éternise en baie de Lannion, si bien qu’on loupe la fin de la descendante pour passer dans l’étroit chenal entre Roscoff et l’île de Batz. Nous la contournons par le Nord. À 14h, le vent tombe complètement avec la renverse : nous nous réfugions pour tricoter dans les cailloux.
À 20h passé, des amis, Jeff et Mathilde, nous attendent sur la plage de Brignogan : comme c’est bon de retrouver les copains !
Jour 3 : Brignogan – Le Conquet
10 minutes de spi pour sortir de Brignogan avec la marée, puis pétole molle pour lofer vers l’Île Vierge en observant la chasse des dauphins et des fous de Bassan qui nous accompagnent. Le speedo n’est pas à la fête, Vanessa se lance dans un long effeuillage pour soulager sa vessie. Lycra, gilet, top, combi, lycra polaire… Un challenge ! Six heures plus tard, la renverse nous cueille à l’entrée du chenal du Four. À 3 nœuds dans la pavasse, nous n’avançons guère vers l’île de Sein et beachons, vers 20h, sur la plage des Blancs Sablons du Conquet.
Jour 4 : Le Conquet – Lesconil
La bruine fine, si caractéristique du coin, s’est installée durant la nuit. Nous sommes trempés, nos sacs de couchage aussi. Mais il ne faut pas traîner car notre bateau est posé au plus haut de la marée. Et ce matin, pas un plagiste pour nous aider à mettre à flot notre esquif.
- « Le crachin, ce n’est pas de la pluie » me rappelle Vanessa…
- – « D’accord, mais ça mouille quand même à la longue… »
À 8h, la visibilité est inférieure à 500 m. Au trapèze, Vanessa, désormais aguerrie à l’utilisation des instruments, surveille sur son téléphone la sortie du chenal du Four. Avec ce ciel gris, nous ne verrons rien de la belle mer d’Iroise.
Devant la baie de Douarnenez, un cargo nous fait une frayeur en faisant mine de forcer le passage… Au niveau de la baie des Trépassés, un rayon de soleil vient éclairer le phare de La Vieille. Dommage, ça aurait valu la photo !
Arrive le raz de Sein, noyé dans la brume, les couleurs sont plus hivernales qu’estivales. C’est sauvage, c’est beau ! Vanessa est ravie, fatiguée mais contente de découvrir cette côte, même si c’est en mode accéléré.
Toujours double trap’, nous franchissons le raz à midi dans des remous costauds et des marches abruptes. Nous avalons deux barres de céréales (salées) et envoyons le spi par 15 nœuds d’Ouest, en route directe vers Penmarch’. Vanessa se cale au trap’ dans le footstrap derrière moi. Nous sommes aux anges : après 4 jours de près, à nous l’adrénaline des longues glissades à 15-20 nœuds !
En une heure, nous doublons les Etocs. Les copains de Lesconil sont venus à notre rencontre. Ils nous accompagnent jusqu’à quai et nous offrent une belle fête. Les jeunes moniteurs sont éblouis, les plus vieux bluffés voire envieux. « C’est quand même culotté comme projet ! »
Et comme le hasard fait bien les choses, un copain des Phares et Balises a immortalisé notre passage de La Vieille ! Waouh, quel trip, quel kif ! On a un peu douté au début. Mais ça y est, c’est sûr, c’était une « bonne » idée.
Jour 5 : Lesconil-Groix
Départ dans la pétole blanche, heureusement qu’on est en F16 !
Nous rejoignons les Glénan en 3 heures par le chenal des Bluiniers, Drenec, le Loch, Saint Nicolas, Penfret… Le trois-mâts barque Le Français, redescendant de Brest 2024, est au mouillage devant Guiautec : magnifique !
Le vent rentre à 8-10 nœuds au portant ! Nous poussons, bâbord amures, jusqu’à l’Île Verte devant Trévignon, avant de jiber pour un très long tribord vers Groix. Le plafond est toujours bas mais au portant, à 12 nœuds, « c’est quand même plus cool ! » À 19h, Christophe nous accueille à Port Miellic (Groix). Ce soir nous dormirons au sec et demain Rémi prendra la relève de Vanessa. « J’aurais bien pris un peu de rab’… Mais j’ai boulot lundi, alors tant pis. »
Changement d’équipier
Jour 6 : Groix – île d’Yeu
Rémi saute littéralement du ferry sur le cata vers 11h. Groix disparaît lentement… trop lentement ! Vanessa est partie avec le vent ! Vers 17h, nous attrapons un petit thermique au niveau de Quiberon. Ça plane pour Rémi, bien calé au trap’ dans le footstrap arrière. « C’est une mobylette ton canot » dit-il.
Passé La Teignouse, la petite compression sous la falaise de Houat nous propulse à raser la plage Trearc’h Er Goured. Des étoiles plein les yeux, nous tricotons encore un peu dans les cailloux du Sud d’Hoëdic. Rémi est à l’aise à la nav’ avec la tablette, alors on fonce à pleine balle au portant au milieu du champ de granits.
On rêvait de l’île d’Yeu, mais il est trop tard. On relâche sur la plage du port de La Croix, magnifique aussi.
Jour 7 : Hoëdic – Ré
Départ 9h, avec un fort vent d’Est nous traversons rapidement le champ d’éoliennes de Saint-Nazaire dans une mer croisée, dégueulasse. Travers en route directe vers le phare des Baleines, le speedo s’affole 11-12-13-14 nœuds : « c’est top ! »
La côte disparaît, on passe Noirmoutier en 2h, l’île d’Yeu vers midi. À 15h, le vent chaud et sec de terre devient rafaleux devant Les Sables-d’Olonne. Ça sent la baraque à frites et la paille sèche. Déjà 70 milles au compteur !
Rémi : « La ceinture de trap’ de Vanessa est trop petite… J’ai les couilles en feu ! »
Vers 18h, toujours au 130° bâbord, nous décidons de pousser jusqu’à l’île d’Aix. Là, au terme de 111 milles d’une navigation musclée, nous faisons un petit restaurant. Puis sous le phare, à la lueur des étoiles mêlées à celles des feux de mouillage, au doux clapotis des vagues et au cri des mouettes, nous plongeons dans un profond sommeil réparateur. C’est beau une île la nuit !
Jour 8 : île d’Aix – Verdon
Ici, c’est l’été. L’anticyclone des Açores a pris ses quartiers avec son beau soleil, son petit thermique et ses moustiques à gogo.
De l’île d’Aix à la Pointe des Espagnols, la pétole molle nous contraint à pagayer jusqu’en début d’après-midi. Le stress de nous faire rejeter vers le pertuis d’Antioche nous motive à piocher six heures durant sous le cagnard, aussi vite et fort que possible pour passer.
Nous doublons Saint-Trojan juste à temps pour que le jus nous évacue vers la passe de Maumusson. Les déferlantes ne sont pas loin. Avec nos petites pagaies à main, nous ne faisons pas les malins. Une semaine après notre passage, cette passe sera fermée à la navigation.
Après la Côte Sauvage, en entrant dans l’estuaire de la Gironde, nous pouvons enfin envoyer le spi et caler quelques jolis jibes au ras des bancs de sable. En fin de journée, Cordouan nous prend sous son aile !
« Waouh ! Dormir comme ça, à la belle étoile sous le phare de Cordouan, je ne l’aurai même pas imaginé en rêve quand tu m’as proposé ce projet » me dit Rémi.
Jour 9 : Cordouan – Verdon (Arcachon – Bayonne)
Il fait beau et chaud. Trop chaud en fait, une cellule orageuse vient nous barrer la route du Sud.
Car même avec une belle météo d’été, ces deux longues étapes de 80 milles vers Arcachon puis Bayonne constitueraient la principale difficulté de ce périple. Le fort thermique de Nord-Ouest établi sur toute la côte landaise et l’absence d’abri rendrait l’exercice… sauvage !
Mais avec les orages qui tonnent dès 10h ce matin et pour la semaine à venir aussi, plutôt que de se mettre en danger, il est plus prudent de renoncer.
Médusés et frustrés, mais aussi fiers et satisfaits du chemin parcouru, nous convenons d’arrêter là ce « petit tour » de F16. Au Verdon, nous posons le Loustic SuperSonic sur sa remorque et rejoignons le Pays basque par la route.
Ce n’est que partie remise. Et pourquoi pas en course avec des copains ?
L’équipage
Vanessa, la quarantaine, a commencé la voile l’année dernière, en F16 avec pour objectif Martinique Cata Raid 2025.
Rémi, la presque la cinquantaine, est plutôt fun board, mais un peu touche à tout dans la glisse : ski, skate, foil, speedsail…
Boris navigue depuis tout petit, en F16 depuis 2 ans, Race to Alaska en 2022 (avec Nathalie), la Mini Transat, le Tour de France…
Le Film complet :